Dimanche 10 avril 2022 s’est tenu le premier tour de l’élection présidentielle. Pour la troisième fois sous la Vème République l’extrême droite se qualifie pour le second tour.
Ce ne sont pas moins de 11 millions de Français qui ont apporté au premier tour leur voix à des candidats se situant à l’extrême droite de l’échiquier politique. Cette situation est le fruit d’une montée continue des colères et des détresses, notamment sur le plan social, face à l’augmentation croissante des inégalités, à une société qui par beaucoup d’aspects exclut plus qu’elle n’inclut ; mais également d’une fatigue démocratique, dont la progression de l’abstention est l’une des manifestations.
Ce que cela révèle d’inquiétudes et d’exaspérations doit impérativement et urgemment être pris en compte.
Pour autant, le risque que représente l’accession au pouvoir de la candidate de l’extrême-droite pour notre démocratie, pour notre République et les valeurs qui la fondent ne peut pas être ignoré. L’histoire nous l’a enseigné, l’exemple de plusieurs pays y compris en Europe nous le rappelle encore aujourd’hui.
Les organisations rassemblées au sein du Mouvement associatif agissent tous les jours dans une multiplicité de domaines et avec des approches différentes mais avec des principes partagés et un socle de valeurs qui nous rassemble : égalité de toutes et tous, respect de la dignité de la personne, respect de la liberté de conscience, accès à l’exercice de la citoyenneté par l’engagement pour toutes et tous. Ces principes sont clairement inscrits dans la Charte des engagements réciproques signée entre les pouvoirs publics et Le Mouvement associatif. Ils nous obligent.
Ces principes et ces valeurs ne sont pas compatibles avec ce qui est porté par la candidate de l’extrême droite. Les nombreuses propositions du programme du Rassemblement national fondées sur la préférence nationale et donc sur un principe de discrimination et de rejet de l’universalisme républicain constituent un véritable risque de morcellement de notre pays et de fracturation entre ses citoyens. Elles sont à l’opposé de notre devise républicaine : liberté, égalité, fraternité, que les associations contribuent à faire vivre depuis plus d’un siècle.
Face à ce risque majeur, dans son immense majorité, Le Mouvement associatif appelle à un vote de refus massif et clair de l’extrême droite par le choix du vote pour le seul candidat républicain encore en lice, Emmanuel Macron.
Pour autant, cela ne constitue en rien un blanc-seing tant pour le bilan du président sortant que pour le programme du candidat, notamment dans son rapport au rôle pourtant essentiel des acteurs associatifs pour la vitalité de notre démocratie, l’émancipation citoyenne, le développement d’une économie plus juste et solidaire. Nous rappelons la nécessité du respect des libertés associatives, mises à mal par l’adoption du Contrat d’engagement Républicain, outil de contrôle administratif ; nous rappelons la nécessité du dialogue et de la co-construction avec les corps intermédiaires, ignorés et fragilisés au cours du dernier quinquennat ; nous rappelons la force de l’engagement associatif, libre et volontaire comme clé de la citoyenneté et de l’émancipation individuelle. Des engagements suivis d’effets doivent être pris sur tous ces sujets comme sur de nombreux autres, permettant une mobilisation sociétale collective face aux enjeux sociaux, environnementaux et démocratiques et pour que les cinq prochaines années ne soient pas les mêmes que celles qui viennent de s’écouler. Nous y veillerons.