Patrick Brault: "Sans politiques publiques fortes, notre secteur ne peut répondre seul à l'enjeu du non départ en vacances"

Selon un récent sondage près d’un Français sur deux (45%) ne part pas en vacances cet été. Faut-il y voir le signe que l’offre des organismes de tourisme social, qui ont pour objet principal de permettre au plus grand nombre d’accéder aux loisirs et aux vacances, est insuffisante, pas assez connue ou tout simplement inadaptée aux moyens des ces Français ?

Patrick Brault: Après avoir connu des taux de progression importants tout au long des années 60-90, le taux de départ en vacances des Français ne progresse plus, voire régresse depuis les années 2000. C’est particulièrement vrai pour les familles modestes et les jeunes pour lesquels les vacances deviennent de plus en plus inaccessibles. En effet, pour une majorité des non partants, les causes principales du non départ sont des causes financières.

Les acteurs du tourisme associatif grâce à une offre adaptée aux familles, aux jeunes et aux enfants et dans le cadre de politique tarifaire modérée poursuivent leur action au service d’un tourisme pour tous. Les membres de l’UNAT ont accueilli en 2010 plus de 3,3 millions de personnes dans les 1 500 villages de vacances, centre de vacances pour enfants, auberges de jeunesse et centres d’accueil de jeunes. Mais notre secteur ne peut, en l’absence des politiques publiques fortes et un soutien en faveur du départ en vacances, répondre seul à l’enjeu que représente le non départ en vacances de la moitié de nos concitoyens.

Selon vous, le Fonds Tourisme Social Investissement (TSI) [1] lancé par l’Etat en mars dernier, permettra-t-il de répondre aux problématiques immobilières des associations de tourisme social ?

Patrick Brault: Le fonds TSI est toujours en cours de constitution et nous sommes dans l’attente de précisions sur les modalités d’intervention du fonds et de gouvernance du dispositif. Plusieurs points sur lesquels nous attendons des réponses sont essentiels pour l’UNAT et ses membres : le taux de rémunération du fonds permettant le maintien de politiques tarifaires accessibles, les critères d’accessibilité au fonds et la prise en compte des spécificités du tourisme à vocation sociale, l’articulation avec les financements des collectivités territoriales, la place de notre secteur et celle de l’UNAT dans la gouvernance en sont les principaux.

Par ailleurs, il est clair que le fonds ne concernera qu’une partie du parc actuel et il est important que d’autres solutions soient mises en œuvre pour permettre le maintien et le développement d’une offre adaptée à tous. L’UNAT a obtenu le maintien du dispositif subventionnel de l’Agence Nationale du Chèque-Vacances (ANCV), elle souhaite également que l’Etat s’implique comme les collectivités territoriales pour le maintien d’un patrimoine et d’une offre touristique qui jouent un rôle essentiel dans l’accès aux vacances notamment des plus défavorisés et dans le développement local.

Les collectivités territoriales ont-elles maintenu leurs financements à ces associations alors qu’elles subissent une forte diminution de leurs ressources et connaissent un fort accroissement de leurs charges ? Si non, comment le secteur réagit-il à ces baisses de financement ?

Patrick Brault: Plus de 50% du parc du tourisme social est propriété de collectivités territoriales, Au niveau des régions, 13 d’entre elles ont inscrit le tourisme social dans les axes stratégiques de leurs Schéma Régionaux de Développement Touristique et proposent un dispositif d’aide aux hébergements touristiques à vocation sociale. Le secteur bénéficie également au niveau régional comme au niveau départemental des dispositifs d’aides mis en place dans le cadre des politiques territoriales de travaux d’accessibilité des hébergements, du développement durable et de l’amélioration de la qualité de l’offre et des services touristiques.

Pour notre secteur, c’est surtout la réglementation européenne en matière d’aides d’État et de mise en concurrence limitant à 200 000€ sur 3 ans le montant des aides publiques qui constitue un élément extrêmement pénalisant pour le financement des travaux de rénovation des hébergements. L’action entreprise par Le Mouvement associatif est donc essentielle pour notre secteur du Tourisme social comme pour elle l’est pour tout le mouvement associatif et la société civile au sens large.

Pour aller plus loin sur l’action de Le Mouvement associatif en faveur du maintien du régime de subventions aux associations, consulter la rubrique Mut’Asso Financements.

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