Le récent cri d’alarme des Restos du Cœur met en lumière la détresse d’un grand nombre d’associations face à l’inflation. Détresse pour laquelle des réponses structurelles et non ponctuelles sont attendues.
Depuis l’appel des Restos du Cœur dimanche, la question de la solidarité et de la générosité émerge dans le débat public et les médias. Si des solutions sont en partie trouvées, qu’elles proviennent de la générosité privée ou des pouvoirs publics, nous ne pouvons que déplorer qu’il faille attendre qu’une association aussi reconnue que Les Restos du Cœur soit dos au mur pour être enfin écoutée.
Le Mouvement associatif porte la promotion d’une vie associative au service de l’intérêt général. Constatant la régression de fait des moyens d’action de nombreuses associations, nous alertons sur la réduction des réponses aux besoins sociaux de nos concitoyens qui en résulte.
Dès le mois d’avril, Le Mouvement associatif avait alerté sur les conséquences de l’inflation sur les activités associatives , et donc sur leurs bénéficiaires. Notre enquête révélait les craintes des conséquences de l’inflation sur les comportements des adhérents (70%), des bénévoles (59%) ou des financeurs privés (49%). Elles exprimaient également des craintes pour 60% d’entre elles pour l’année en cours et étaient 23% à envisager une baisse de leurs activités.
Contrairement au monde marchand, les associations ont peu d’alternatives pour faire face à l’inflation. Elles ne sont pas en mesure d’augmenter les tarifs de leurs prestations sans que cela n’ait de conséquences directes sur les populations auxquelles elles s’adressent ; et la question ne se pose bien sûr pas pour des actions de solidarité gratuites ou à très faible coût. Cette difficulté intervient en plus alors même que les associations subissent déjà une baisse globale des subventions dans leurs budgets.
S’il est difficile de mettre au même plan toutes les associations dans leur diversité, cette équation est malheureusement également vraie dans de nombreux autres secteurs que l’aide alimentaire, moins immédiatement visibles mais pourtant essentiels : sport, culture, animation et loisirs, prévention, protection de l’environnement… Les associations qui agissent sur les territoires les plus vulnérables alertent également en vain depuis de nombreuses années sur leurs difficultés à répondre aux besoins des habitantes et habitants.
N’attendons pas d’autres cris d’alerte d’associations. Il est urgent que le gouvernement travaille en collaboration avec les acteurs associatifs pour construire des réponses pérennes !
La situation des associations ne se règle pas au cas par cas. Ce qui est nécessaire, ce sont des réponses structurelles et des politiques publiques à la hauteur des enjeux. En matière de lutte contre la précarité bien sûr, et les acteurs associatifs ont sur ce sujet des propositions portées de longue date ; mais aussi en matière de reconnaissance du rôle des acteurs associatifs et de soutien à leur action.
Nous manquons cruellement, et depuis plusieurs années, d’une politique ambitieuse de soutien à la vie associative, qui reconnaisse les acteurs associatifs comme partenaires indispensables des politiques publiques. À l’heure où se profile le prochain projet de loi de finances, des réponses concrètes et pérennes doivent être apportées. Souhaitons que le débat porté sur la place publique aujourd’hui ouvre un dialogue pour les construire.