Valorisation de l'expérience bénévole à l'embauche : un enjeu encore mal pris en compte

Pour mesurer l’impact que peut avoir une activité bénévole dans la recherche d’un emploi, des chercheurs se sont livrés à une expérience. Ils ont répondu à près de 600 offres d’emploi avec à chaque fois des CVs identiques à la seule différence de la mention d’une activité bénévole. Les résultats son inattendus au vu du discours courant sur l’apport du bénévolat en terme d’employabilité.

L’étude a concerné deux secteurs : la banque/assurance et l’informatique, et deux niveaux d’études : bac +2 et bac +5. A chaque offre, les universitaires ont envoyé 13 CVs : un élément de référence ne faisant pas mention d’une expérience bénévole, et 12 avec des activités bénévoles variées.

L’apport de l’expérience bénévole semble d’un point de vue général négligeable. Dans certains cas, il est même négatif : le taux de réponses d’un candidat bénévole aux Restos du Cœur dans l’informatique est inférieur de 5,68% à celui d’un candidat « lambda ». Le secteur informatique est particulièrement frileux face aux bénévoles.

Que disent les recruteurs ?

Une partie du monde associatif réfute les résultats de cette étude et fait valoir que les bénévoles considèrent leur engagement associatif comme un atout. Ils se basent notamment sur l’étude La France bénévole 2011 de Recherches & Solidarités. De fait, cette étude s’appuie uniquement sur les retours des bénévoles, et pas sur l’avis des employeurs

L’AFEV a alors posé la question à ces derniers. Quand on leur demande si « en général, les activités hors-diplôme, comme les expériences de bénévolat, sont-elles bien présentées sur les CV, dans les lettres de motivation ou dans les entretiens d’embauche par les jeunes diplômés ? », 61% des recruteurs de jeunes diplômés interrogés répondent non. A la question « le bénévolat mené pendant le cursus d’un étudiant influence-t-il sur votre choix final lors d’un recrutement », 73% répondent par la négative.

Certes, l’enquête de l’AFEV concerne seulement les jeunes, mais les chiffres sont assez nets pour laisser penser que cette tendance est plus large.

Débuts d’explications

Carole Pernot, responsable d’agence Kelly Services, déclare à l’AFEV que les expériences bénévoles devraient être « présentées sur le CV comme on présente les expériences professionnelles« . Le bénévolat ne serait alors plus vu comme un loisir potentiellement chronophage (comme cela semble être le cas dans le secteur informatique), mais plutôt comme un facteur de développement personnel et d’acquisition de compétences.

Pour encourager ce mouvement, France Bénévolat propose le Passeport bénévole, qui permet de répertorier les acquis obtenus au cours d’un parcours bénévole. Le Carnet de vie du bénévole du CNOSF remplit les mêmes fonctions.

Reste sans doute à mettre un nom sur les compétences qui pourront être mises en exergue dans ces documents : si l’on sait souvent mettre des mots sur les connaissances « scolaires », on a parfois moins conscience des compétences humaines, relationnelles ou organisationnelles développées (planifier un projet, l’évaluer, animer des groupes, etc.). Mais des initiatives en ce sens se développent, à l’image du fascicule Valorise-toi, publié par les Scouts et Guides de France.

La valorisation du bénévolat fait par ailleurs partie des enjeux définis pour l’Année européenne, et constitue une des pistes de réflexion de l’EYV 2011 Alliance pour la rédaction de son livre blanc du bénévolat et du volontariat.

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