Syndicats / Economie sociale : retour sur la journée d’échanges organisée par Force Ouvrière

Jeudi 13 février, avenue du Maine à Paris, la journée commence par l’intervention de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de la Confédération Force Ouvrière.

Au milieu de cette journée, entre les tables-rondes consacrées aux liens entre syndicats et coopération et entre syndicats et mutualité, des dirigeants associatifs ont été invités à s’exprimer sur les convergences et divergences entre le monde associatif et le monde syndical.

Valérie Gervais, présidente de l’AFOC (Association Force Ouvrière Consommateurs) et présidente de ConsoFrance (coordination membre de Le Mouvement associatif, représentant 9 fédérations de consommation) a insisté sur les convergences objectives entre les revendications des syndicats et les combats menés par les associations de consommateurs, du moins par la majorité d’entre elles.
La notion fondamentale pour les associations de consommateurs, a-t-elle souligné, c’est bien le rapport qualité/prix d’un produit. La qualité d’un produit se définit en partie par sa valeur d’usage, son impact environnemental et les conditions de travail dans lesquelles il a été fabriqué. En ce sens, les valeurs entre syndicats et associations sont évidemment communes.

Brigitte Lesot (présidente de Chorum-Cides) intervenait au double-titre des mutuelles et des associations. Elle est revenue notamment sur l’hétérogénéité du monde associatif où beaucoup de structures ont peu de salariés, d’où les difficultés à instaurer un véritable dialogue social. C’est sans doute un élément de distance avec le monde syndical qui tient à la structure même du monde associatif. Brigitte Lesot est revenue sur les valeurs partagées par les deux « mondes » : l’humanisme, la justice sociale, l’intérêt général et l’action en faveur de l’émancipation des individus. Mais, syndicats et associations partagent également les mêmes difficultés : enjeux de représentativité, de renouvellement générationnel et, de plus en plus, de légitimité sociale.

Jean-Marc Roirant (Secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement et Président du Groupe des associations au Conseil économique, social et environnemental) a conclu cette rencontre, en tant que grand témoin.
Insistant sur les divergences entre monde associatif et monde syndical, il a d’abord pointé la primauté de l’objet politique et social des associations : la majorité des associations n’ont pas d’activité économique ; elles ne se revendiquent donc pas de l’économie sociale. Quand les associations investissent la sphère économique c’est une conséquence de cet objet politique et social, ce n’est pas le fondement de leur existence. C’est la spécificité essentielle du monde associatif.

Jean-Marc Roirant a également évoqué les incompréhensions persistantes entre le monde syndical et le monde associatif. Pour les syndicats, les associations restent des « objets sociaux non-identifiés » a-t-il précisé. Ces incompréhensions sont de deux natures :
– d’une part, l’engagement du mouvement associatif pour un dialogue civil ouvert, transparent et régulier semble inquiéter les syndicats qui y voient une attaque du dialogue social. Or les associations n’ont de cesse de le rappeler : la France est une démocratie sociale, comme le rappelle la Constitution, dont le dialogue social est un élément central. Il n’en reste pas moins vrai qu’en dehors du champ du travail et de l’emploi, un dialogue civil impliquant les associations organisées doit être dynamisé pour améliorer la décision dans tous les autres champs de l’action publique.
– D’autre part, les associations sont souvent accusées d’être complices de la privatisation et de l’externalisation des services publics, voire d’être instrumentalisées par les pouvoirs publics du fait des subventions qu’elles recoivent. Encore une fois, les associations ont leur objet, social et politique, et sont tout à fait conscientes de la nécessité, pour tous, de services publics accessibles et diversifiés.

Jean-Marc Roirant a conclu cette table-ronde en proposant des combats à mener ensemble : sur les dérives potentielles de l’entrepreneuriat dit social ou sur le développement de l’idée d’une économie sociale et solidaire qui limiterait les activités de l’économie sociale aux plus défavorisés d’entre nous, laissant aux entreprises classiques les segments rentables de l’économie.

C’est sans doute dans le dialogue, à travers des initiatives comme cette journée d’échanges que ces incompréhensions pourront être levées. Si des pistes ont été tracées, la parole syndicale ne s’est pas exprimée autant que certains auraient pu l’attendre sur les différents points de la discussion : peut-être le thème d’une prochaine journée…

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