Vous formez des étudiants amenés à travailler dans l’ESS. Selon vous, quelles sont les spécificités du travail associatif ?
Il faut comprendre les spécificités d’une organisation, en prenant en compte le rôle respectif des bénévoles, des administrateurs d’une part, des salariés de l’autre. Il n’est pas toujours évident pour des jeunes qui ont envie de s’engager, le plus souvent avec enthousiasme, dans un projet, une action qui leur tient à cœur, de se situer dans un contexte associatif, où ils ne sont qu’un élément dans un ensemble. Il faut donc les aider à comprendre cette organisation particulière, pour pouvoir s’y situer.
Pour cela il est indispensable d’approcher le fonctionnement de plusieurs associations, ce que nous faisons à travers la démarche de projet, qui permet de dégager les étapes indispensables : formalisation de la problématique, consultation des parties prenantes, élaboration de propositions (avec une recherche de réelles alternatives , décision, puis mise en œuvre.)
Et il faut apprendre à gérer le temps d’attente de la décision de l’instance habilitée à la prendre, sans se décourager, sans se démobiliser.
Quel est votre regard sur l’offre de formation préparant aux responsabilités associatives?
Pour notre part, nous situons notre proposition de formation dans l’ensemble plus large de l’ESS. Cela permet de mettre en évidence les spécificités de chacune de ses composantes, dont celle des associations, de découvrir des organisations diverses et d’ouvrir les choix des étudiants.
Il nous semble qu’il faut aussi travailler davantage à la formation des administrateurs, qui n’ont pas toujours une maîtrise suffisante de l’ensemble des compétences de plus en plus nombreuses nécessaires pour exercer complètement les responsabilités qui sont les leurs dans des associations qui ont acquis une dimension économique importante. L’Université pourrait se mettre au service de cette dimension nécessaire, en s’inspirant par exemple de ce qui fonde la formation obligatoire des administrateurs des mutuelles de santé.
Selon vous, comment faire face à la pyramide des âges vieillissante dans le secteur associatif ? Comment amener les jeunes à s’intéresser à ce secteur ?
Les jeunes s’intéressent à ce secteur et s’investissent assez facilement dans des associations (parfois informelles) qu’ils contribuent à construire, autour de projets concrets, qu’ils peuvent maîtriser de la conception à la conclusion, avec un investissement limité dans le temps.
En revanche, ce qui doit être suscité, parce que ce n’est pas naturel, c’est l’investissement dans des associations qu’on pourrait qualifier d’ « adultes » (pour ne pas dire vieillissantes) Probablement en commençant à leur faire une vraie place (pas un strapontin) dans les instances associatives, en leur délégant le suivi de certains projets, et en acceptant que l’apprentissage de la responsabilité peut induire des échecs.
Cela peut supposer de faire évoluer le fonctionnement des instances, de fonctionner par exemple sous forme de « groupes projets ».