L’innovation suscite un véritable engouement dans notre société en crise. Elle est aujourd’hui perçue comme un levier de développement des territoires par les pouvoirs publics. Reconnue comme un facteur de croissance et de création d’emplois, elle est de plus en plus souvent encouragée et inscrite dans les politiques publiques de soutien à l’activité économique. Longtemps circonscrite aux domaines technologique et scientifique, elle est désormais une notion appropriée plus largement dans le champ social.
L’AG de Le Mouvement associatif Midi-pyrénées a été l’occasion de présenter les prémices de la réflexion conduite par Le Mouvement associatif nationale sur l’innovation sociale, notamment dans le cadre de la parution du numéro de La Vie Associative en janvier 2013, consacrée à l’innovation sociale. L’analyse s’est articulée autour de quatre axes :
- Une définition de l’innovation sociale : il s’agit d’un concept flou, qui ne fait pas aujourd’hui l’objet d’un consensus ni de la part des acteurs de la société civile, ni de la part des pouvoirs publics. Le Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire a proposé la définition suivante : » L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers. Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d’organisation, de distribution, dans des domaines comme le vieillissement, la petite enfance, le logement, la santé, la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, les discriminations… Elles passent par un processus en plusieurs démarches : émergence, expérimentation, diffusion, évaluation. »
- Un concept consubstantiel à l’activité associative : chaque jour, des associations se créent dans le but de répondre à de nouveaux besoins sociaux. La nouveauté constitue le quotidien des associations. Une mise en perspective historique confirme ce lien indissociable entre associations et innovations. Toute au long de leur histoire, les associations ont permis la prise en compte de nouveaux secteurs d’intervention dans les politiques publiques (éducation populaire, tourisme social). Elles ont aussi contribué à rendre visibles certains problématiques sociales (environnement, égalité des genres, droit au logement).
- Le sens du soutien des pouvoirs publics : Depuis les années 2000, on a vu se multiplier les politiques publiques de soutien à l’innovation et en particulier à l’innovation sociale. Est-ce là le signe d’une reconnaissance des pouvoirs publics en la capacité créative et inventive des acteurs privés ? Rien n’est moins sûr. Car on constate parallèlement à ce mouvement, une tendance à l’assèchement de l’initiative associative sous le double effet du recours massif à la commande publique et au changement de temporalité des acteurs publics (de pluriannuels, les financements se muent en annuels).
- L’enjeu pour les associations : Dans ce contexte, le pragmatisme doit pousser les associations à valoriser leur capacité innovation auprès des pouvoir publics, en faisant l’effort de caractérisation nécessaire. Mais pour que résiste la diversité des pratiques associatives au filtre de l’innovation, les associations ont un rôle à jouer pour faire valoir une définition élargie de l’innovation et faire accepter que l’innovation surgit « là où on ne l’attend pas ».