Située au cœur du pacte républicain, la culture concourt à la formation du citoyen. En effet, loin de se réduire à sa dimension artistique, la culture englobe tout ce qui permet d’appréhender le monde, de s’y situer, et donc d’y agir individuellement et collectivement. Pour autant, la pratique artistique et la fréquentation des lieux culturels restent aujourd’hui conditionnées par le capital culturel (héritage familial, diplôme) propre à chacun. Ces inégalités d’accès à la culture sont aggravées par les disparités territoriales, l’environnement social mais aussi des stéréotypes sexués qui peuvent générer de véritables discriminations. Tout l’enjeu de l’EAC est donc de donner accès au sens, à l’esthétique et à l’imaginaire des objets culturels. Cette éducation commence dès l’enfance, mais ne doit pas s’arrêter à l’école ni au seul temps scolaire ; il s’agit de la poursuivre dans tous les lieux de vie et à tous les âges.
L’avis défend trois priorités pour cela : placer l’EAC au cœur du système éducatif en multipliant les activités culturelles et en restructurant les enseignements artistiques ; développer la complémentarité des acteurs de l’EAC par un pilotage national et un dialogue territorial structurés ; dynamiser la vie associative grâce à la définition d’un cadre de financement et de coopération pérenne ainsi qu’une meilleure valorisation des pratiques amateurs collectives. Comportant l’essentiel de nos propositions, l’avis a bénéficié de notre vote.
La déclaration du groupe des associations
L’éducation artistique et culturelle présente bien des vertus : elle développe la créativité, façonne le jugement critique, aiguise la sensibilité ; elle ouvre le monde sur de multiples cultures au travers de diverses représentations ; elle offre une chance à chacun quelle que soit son origine sociale. Au centre du défi de généralisation de la culture se trouve la question de l’accessibilité, que celle-ci soit sociale, financière ou géographique. Cette accessibilité à la ressource culturelle ne doit laisser personne de côté : les publics empêchés ont aussi droit à la culture, et un effort particulier doit être porté à leur encontre.
Cette ambition de démocratisation passe en premier lieu par l’intégration de l’EAC au sein du système éducatif, suivant une continuité progressive de la maternelle au lycée. Dans une logique de transdisciplinarité et de complémentarité entre les temps scolaire, péri- et extra-scolaire, un véritable parcours d’éducation artistique et culturelle est appelé à s’imposer pour allier les connaissances acquises, la pratique d’un art, la rencontre des professionnels et la fréquentation des œuvres soutenue par une médiation.
Au-delà de la conception de programmes d’enseignement cohérents, l’accent doit être placé sur la formation commune de l’ensemble des intervenants, en combinant savoir théorique et mise en situation. Nous nous réjouissons à cet égard des orientations actées dans la loi pour la refondation de l’école qui consacre un module d’EAC obligatoire dans les cursus des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation. Par ailleurs, nous insistons sur l’importance des modules de sensibilisation à l’égalité femmes/hommes prévus dans ces mêmes cursus, ceux-ci ayant pour objet de déconstruire les représentations sexuées préconçues qui impactent les pratiques artistiques, ainsi que les choix professionnels.
Mais la vocation d’initier aux arts et à la culture ne se limite pas à l’école, ni aux institutions culturelles publiques. Elle est aussi en grande partie assurée par les associations. En effet, le monde associatif offre une grande variété d’activités, de la pratique à l’apprentissage des arts vivants, en passant par la création et la représentation de spectacles. Les associations artistiques et d’éducation populaire constituent un maillon important du développement culturel par leur capacité de co-construction de projets avec les pouvoirs publics, par leur ancrage territorial, par la diversité de leurs modes et champs d’intervention, et le nombre de citoyens visés. L’éducation artistique et culturelle qu’elles transmettent crée des passerelles entre les générations, les acteurs et les cultures d’un même territoire.
Pour autant, le rôle fondamental qu’elles occupent en France demeure trop peu reconnu. Par ricochet, les associations font face depuis plusieurs années à une remise en question des financements publics. A cet égard, parce qu’elle vise à pérenniser le fonctionnement des associations, nous saluons – sous réserve du vote final au Parlement -, l’inscription, dans le projet de loi sur l’ESS, du principe de financement par subventions plutôt que la systématisation des appels d’offres.
Enfin, nous en appelons à une gouvernance ambitieuse en matière d’EAC. La récente annonce de réforme du Haut Conseil à l’EAC semble prometteuse, à condition que cette instance de concertation ne vienne pas se superposer à des dispositifs déjà existants et dans la mesure où elle réunira six ministères, des collectivités territoriales et des acteurs culturels, parmi lesquels les associations. Elle sera complétée par les comités de pilotage territoriaux, dont nous espérons qu’ils aideront prioritairement les territoires faiblement équipés ou éloignés du monde de la culture.
Au regard de l’ensemble des préconisations formulées, notre groupe ont voté l’avis.