Depuis plusieurs années, l’ensemble du mouvement associatif tire la sonnette d’alarme face au désengagement de l’Etat qui met directement en péril la sauvegarde des activités d’utilité sociale déployées sur les territoires par 1,1 million d’associations, leurs 14 millions de bénévoles et 2 millions de salariés.
Le secteur de l’aide humanitaire n’est pas le seul concerné, mais les conséquences sociales y sont peut-être particulièrement choquantes. En ce contexte de crise économique et sociale, les associations apportent quotidiennement des réponses innovantes aux besoins sociaux de la population et plus largement contribuent au bien-être, à la cohésion sociale et au développement économique du pays.
La demande explose mais le soutien de l’Etat diminue. Au-delà de l’enveloppe budgétaire mise en œuvre pour financer une partie des activités d’intérêt général assurées par les associations, les moyens même de contractualisation avec la puissance publique et les conditions de paiement mettent en péril nos activités.
De plus en plus, État et collectivités ont tendance à privilégier l’appel d’offre et la commande publique à la subvention, plaçant les activités associatives en concurrence directe avec des acteurs lucratifs au détriment des populations non solvables ou moins aisées que ces seconds délaissent. En outre, la gestion administrative des paiements de l’État a atteint un tel niveau de saturation que bon nombre de subventions régulièrement actées ne sont toujours pas versées, contraignant les associations à faire des avances de trésorerie, à s’endetter et donc à fragiliser leur modèle économique.
En bout de course ce sont les bénéficiaires et les salariés – pour celles des associations qui comptent des ressources permanentes – qui en pâtissent.
Le départ de Xavier Emmanuelli, fondateur du Samusocial de Paris est un signal fort. La situation est grave et c’est notre projet de société dans son ensemble qui est interrogé. Il convient de réunir au plus vite l’Etat et le mouvement associatif autour des principes de coopérations détaillés dans la Charte des engagements réciproques de 2001, plus que jamais d’actualité.