Pourquoi avoir analysé les comptes des associations déposés au journal officiel ?
Pour répondre à leur objet social, les associations construisent leur modèle économique en combinant plus ou moins selon les besoins, des ressources économiques et financières (subventions, recettes issues d’activités économiques, bénévolat).
Mais, le monde associatif connait peu ses modèles économiques, et communique davantage au travers de ses secteurs d’activités variés, composés chacun de structures très diverses (taille, composition des ressources, place du bénévolat, etc.) L’absence de statistiques chiffrées régulières accentue cette méconnaissance.
Les évolutions en cours de l’environnement du secteur associatif ont un impact fort sur leur modèle économique et risque de les fragiliser davantage. Or, plus les structures associatives connaissent leur modèle économique, et plus elles sont capables de le maitriser et d’agir. L’évaluation de la situation économique et financière des associations apparait comme un enjeu majeur pour leur reconnaissance auprès des partenaires publics et privés.
L’étude des comptes du journal Officiel apporte des éléments de réponse à cet enjeu !
Que montrent les premiers résultats de votre étude ?
Les premiers résultats de cette étude montrent des situations financières très différenciées en fonction notamment des secteurs d’interventions des structures. Parmi les associations étudiées, c’est-à-dire les plus importantes en taille de budget, quatre catégories ont pu être distinguées.
Cette typologie vise à regrouper les associations ayant des similitudes en termes de situation financière (basée essentiellement sur le niveau de fonds propres) et de modèle économique (basée sur la rentabilité d’exploitation), pour étudier leurs problématiques et leurs enjeux communs.
C’est ainsi qu’on note que les associations « robustes » qui constituent près de 20% de l’échantillon ont une très bonne assise financière, renforcée chaque année par un résultat net excédentaire. Elles ont pu se développer ces dernières années et recruter tout en gardant un modèle économique stable (même si la rentabilité d’exploitation baisse). On retrouve dans cette catégorie, des associations du champ de l’action sociale et de l’enseignement catholique, notamment.
Cela n’est pas le cas des « souffrantes » qui englobent les associations agissant majoritairement dans le secteur de la culture, du sport ou encore de l’insertion, et qui, ont à la fois une assise financière insuffisante (moins d’un trimestre de fonds propres par rapport au budget, pour la plupart) et une rentabilité d’exploitation négative, voire très négative. Pour améliorer leur modèle économique, une partie d’entre elles ont dû débaucher sur la période.
Les « rentières » sont les associations qui ont les assises financières les plus confortables (80 % ont plus de 90 jours de fonds propres), mais qui ne réussissent pas à équilibrer leur modèle économique. Leur activité n’est donc pas viable. Cette très bonne assise financière leur permet de dégager des résultats financiers qui améliorent le résultat net de ces associations, mais qui cachent les difficultés liées à l’activité. On retrouve dans cette catégorie le secteur de la santé notamment et toutes les associations cultuelles.
On constate également, que pour une petite moitié de l’échantillon, la situation est suffisante aujourd’hui pour faire face au quotidien. Ces « équilibristes » ont néanmoins un modèle fragile qui pourrait facilement être déstabilisé par le contexte actuel incertain.
Vous avez poursuivi cette étude par une analyse qualitative de certaines structures repérées comme ayant fusionné ou mutualisé certaines de leurs fonctions. Quels enseignements en tirez-vous ?
Dans le contexte de crise actuelle et devant les enjeux de sauvegarde des emplois, de nombreuses associations s’interrogent sur des stratégies de coopération et de mutualisation dans les territoires. Les défis sont pluriels : atteindre une taille critique, investir pour se développer, faire face à la contraction des finances publiques, s’organiser face à la mise en concurrence croissante.
Pour répondre à ces questions de pérennisation et développement de leurs activités, une part importante opte pour la forme de rapprochement réputée la plus complexe et la plus douloureuse : la fusion. Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui, mais semble s’accentuer, notamment avec la contraction récente des financements publics.
Afin que les associations puissent au mieux anticiper et préparer les fusions auxquelles elles seraient confrontées, le CNAR Financement porté par France Active a réalisé une étude auprès des associations ayant fusionnées. Un guide pratique va être édité prochainement. Il détaillera les différentes étapes de la fusion : à quoi correspondent-elles ? Quelle est la durée de ces phases ? Que doit-on faire ? Et avec qui ? Il ne s’agit bien sûr pas d’une recette miracle, mais d’un transfert d’expériences basé sur une trentaine de cas de fusion, qui nous l’espérons pourra aider les associations confrontées à ces restructurations.