LMA: Vous avez commencé une thèse il y a deux ans sur le Dispositif Local d’Accompagnement (DLA), pourriez-vous partager avec nous vos principaux résultats ?
Le DLA propose aux associations employeuses (et plus largement aux structures de l’ESS) de bénéficier gratuitement d’un accompagnement pour consolider leur modèle économique et pérenniser leurs emplois. Concrètement, un chargé-e de mission réalise un diagnostic puis, quand c’est pertinent, commande une prestation afin de consolider la structure. Cette seconde partie de l’accompagnement est confiée à un consultant ; il peut intervenir sur de nombreux aspects, comme la gestion, le projet associatif, le modèle économique, la communication, etc.
Une partie de mon travail de recherche a été consacré à l’analyse de l’impact du DLA. Pour cela, j’ai notamment réalisé une étude qualitative une quarantaine de structures. Si chaque association est spécifique et que l’on observe des différences selon les secteurs, globalement le DLA ça marche : les objectifs officiels sont atteints. Il participe à consolider l’emploi et le modèle économique des structures en améliorant la gestion des associations, en donnant à ses membres, bénévoles et/ou salariés, des outils permettant d’avoir une meilleure visibilité sur leurs activités. Il les aide aussi à mieux connaître leur territoire, les opportunités à saisir, etc.
Le DLA est un coup de pouce pour les associations?
Dans la période de vache maigre que nous connaissons, le DLA accompagne les associations à s’adapter au retrait, ou en tout cas à l’incertitude, des financements publics. Il facilite aussi leur adaptation au modèle plus concurrentiel qui s’impose à elles. Bien sur, le dispositif ne fait pas de miracle, mais c’est un vrai plus pour les associations.
Par ailleurs, j’ai pu observer que le DLA pousse les associations, sans les contraindre, à respecter le droit du travail (conventions collectives, GRH) mais aussi la loi 1901 en amenant notamment les associations à avoir des administrateurs actifs et motivés. Le DLA réveille les dynamiques collectives au sein des structures, re-mobilise les membres au service du projet associatif d’une part, mais parfois plus encore au service de la sauvegarde des emplois.
Pourriez-vous nous donner un exemple?
Je pourrai en donner plusieurs… mais pour n’en donner qu’un. J’ai rencontré une structure de l’insertion par l’activité économique d’une vingtaine de salariés. Elle avait des difficultés économiques, risquait le dépôt de bilan. L’intervention du consultant DLA a permis de visibiliser les problèmes structurels du modèle économique de l’association. En mettant en place une comptabilité analytique, et surtout en formant la direction à s’en servir, cela a permis de pointer les postes de dépenses déficitaires. L’organisation des ressources humaines a aussi été revue : plus rigoureuse elle permettait de ne plus perdre d’argent. Le travail a aussi permis d’envisager un nouveau plan de développement. L’entrée des outils de gestion dans la structure a été bénéfique pour tout le monde: l’information sur l’activité de la structure a été mieux partagée aux salariés et aux bénévoles, et tous se sont remobilisés pour sortir la structure de l’ornière.
Voilà un accompagnement raconté très brièvement… Ce qui était intéressant dans ce cas, comme d’en d’autres, c’est que l’on voit bien que le DLA fonctionne sur la base du volontariat. Les structures ne sont pas forcées de faire un accompagnement, et d’ailleurs si elles l’étaient cela ne fonctionnerait pas.
L’accompagnement répond aux attentes de la structures, à l’idée de réaliser au mieux le projet social qui les anime ; l’emploi dans tout ça, est autant un moyen pour atteindre leurs objectifs, qu’une finalité. Il semble que la préservation des emplois, et la création de nouveaux postes, fasse aujourd’hui pleinement parti du projet social des associations employeuses.