Suite à l’interpellation des associations sur les risques de remise à la rue de milliers de sans-abri à partir du 31 mars, la ministre du Logement a annoncé mardi dernier la création ou pérennisation de 2 000 places hivernales, sur les 8 000 ouvertes cet hiver, lors du comité de pilotage de lancement du plan de résorption des nuitées hôtelières[1]. Les associations de solidarité saluent cet engagement ministériel qui est une première étape positive vers la fin de la gestion « au thermomètre » de la grande exclusion que nous demandons depuis plusieurs années.
Si des solutions se dessinent sur certains territoires pour maintenir les places d’accueil ou orienter les personnes vers des places disponibles, l’angoisse pour les sans-abri perdure et la fin de l’hiver risque de s’accompagner cette année encore par de nombreuses remises à la rue sur quelques départements. À la veille de la fermeture annoncée des centres d’hébergement hivernaux, beaucoup d’acteurs associatifs gérant des 115/SIAO ou des places d’hébergement n’ont pas obtenu de confirmation des services déconcentrés sur le nombre de places ouvertes ou pérennisées, ni d’informations sur les modalités proposées pour permettre les continuité de prise en charge.
Tout en saluant ces avancées, les associations restent donc vigilantes, afin de s’assurer :
- que l’ouverture et la pérennisation des places soient effectives,
- que dans l’intermède nécessaire à l’ouverture de places alternatives suffisantes, aucune remise à la rue n’ait lieu,
- et, enfin, pour que les places d’hébergement proposées soient dignes et inconditionnelles, et permettent aux personnes de bénéficier de prestations assurant le gîte, le couvert, l’hygiène, d’une première évaluation et d’un accompagnement permettant de préparer une sortie vers les solutions plus durables, conformément à ce qu’exige la loi (article L.345-2-2 du Code de l’Action Sociale et des Familles). L’urgence doit rester temporaire.
La situation est particulièrement critique en Ile-de-France qui concentre le plus grand nombre de personnes sans abri. À ce jour sur Paris, 800 places sont menacées de fermeture d’ici la fin du mois de juin. La situation est également très tendue en Seine-Saint-Denis ainsi que dans le Val-D’Oise. Des immeubles et locaux vides sont utilisables à Paris et en première couronne et les associations sont prêtes à les gérer.