L’économie sociale et solidaire souffre-t-elle un déficit d’image?
Je ne dirai pas que l’ESS souffre d’un déficit d’image, mais plutôt qu’elle n’est pas encore assez connue et reconnue. Nombreux sont ceux qui font appel à l’ESS sans le savoir (par le biais de l’association à laquelle ils sont adhérents ou de leur mutuelle de santé par exemple), voire qui font de l’ESS sans le savoir, notamment dans le secteur associatif. Dès que l’on explique ce qu’est l’ESS, ce qu’elle produit, on recueille facilement l’adhésion des gens qui sont très sensibles à cette économie à la fois plus humaine, plus équitable et plus proche. Les 1500 manifestations qui sont prévues durant le mois de Novembre dans toute la France seront l’occasion de mieux faire connaître les actions des structures de l’ESS dans les régions. Car il ne faut pas oublier que cette forme d’économie est une économie ancrée dans les territoires, qui répond au plus près aux besoins des habitants de ce territoire et qui présente l’avantage de ne pas être délocalisable.
C’est la 4e édition du mois de l’ESS, qu’est ce qui a changé ?
Pour cette 4e édition, nous avons voulu être dans le second degré, d’où le choix de la thématique « ESS 117, votre mission si vous l’acceptez… ». Nous souhaitions mettre l’accent sur la possibilité pour chacun de choisir d’être un acteur de changement. Soit tout simplement en s’informant sur l’ESS, soit en s’engageant à devenir « consom’acteur » responsable, en exerçant pleinement son rôle d’adhérent, de sociétaire ou de coopérateur, ou en prenant des responsabilités dans les structures de l’ESS. Chacun peut s’engager à son niveau et en fonction de ses possibilités, et c’est ainsi, collectivement, que nous ferons progresser l’ESS. Par ailleurs, nous constatons cette année que nous sommes beaucoup plus sollicités par les journalistes que les années précédentes. Dans le contexte qui est le nôtre actuellement, avec cette crise financière qui menace et l’équilibre politique du monde et la vie quotidienne des citoyens, qui plus est dans une période stratégique de la vie politique française, il était important de porter ce message politique fort.
Quelle est la place des associations dans ce mouvement de l’économie sociale?
Les associations représentent le gros bataillon de l’ESS, 80% environ. Par contre, responsables associatifs et adhérents n’en sont pas toujours conscients. D’une part parce que le mot économie fait encore souvent peur dans nos milieux associatif : nous sommes fiers d’être porteurs d’utilité sociale, mais pas toujours d’être des acteurs économiques. D’autre part parce qu’il n’est pas toujours facile d’identifier l’apport des associations au tissu économique du territoire dans lequel elles sont implantées. Or bien souvent, je pense aux secteurs ruraux en particulier, les associations sont indispensables au maintien d’une dynamique économique. De plus, en cette période où les financements des associations sont de plus en plus contraints, il peut y avoir une crainte d’être poussé à marche forcée vers plus d’auto financement, parfois mal maîtrisé, pour pallier le désengagement des financements publics. Il est d’autant plus important que les associations se reconnaissent comme acteurs de l’ESS et participent à son développement pour y occuper pleinement la place qui est la leur.