Yannick Blanc: "la Fonda, un ouvroir de pensée sociale et solidaire"

Selon vous, quels sont les principaux défis que le monde associatif doit relever pour faire face aux profondes mutations de son environnement, accélérées par la crise économique et financière?

Les associations doivent relever simultanément trois défis : celui de la transformation de leur modèle économique ; celui de la mutation des comportements individuels et des formes de l’engagement ; celui de leur contribution à la vitalité de la société démocratique. Elles les abordent avec des fragilités bien connues : la dépendance aux financements publics, la difficulté à faire évoluer leurs structures et à renouveler leurs dirigeants, la faiblesse de leurs stratégies de communication. Les associations sont une force sociale majeure mais elles exercent une influence politique mineure. Paradoxalement, la crise leur donne l’occasion de sortir de cette position subalterne. Avec la crise de la dette, l’Etat perd irrémédiablement sa puissance tutélaire sur la société. Avec le chômage de masse, l’entreprise ne peut plus prétendre être le modèle de la société. L’un comme l’autre ont besoin de nouer ou de renouer des relations avec leurs « parties prenantes », parmi lesquelles il y a toujours les associations. La société de la connaissance, la société des réseaux, c’est la société des associations.

La démarche « Faire ensemble 2020 », tout en clarifiant un certains nombres d’enjeux, a révélé de fortes attentes. Comment la Fonda compte-t-elle y répondre et quelles sont ses ambitions pour les années à venir?

La bonne surprise de « Faire ensemble 2020 », c’est l’engouement que nous avons rencontré dans les fédérations et les réseaux associatifs pour la prospective, c’est-à-dire un travail volontaire et méthodique pour se projeter dans l’avenir. La Fonda se définit comme le think tank des associations mais à la différence de la plupart de ses homologues, elle ne fournit pas de « pensée » clés en main, elle suscite, elle éclaire, elle accompagne la réflexion dans le monde associatif. C’est une sorte de coopérative intellectuelle, un ouvroir de pensée sociale et solidaire aurait pu dire Georges Pérec… Nous allons poursuivre ce travail en nous intéressant en premier lieu à la qualité de l’emploi associatif, aux questions de gouvernance et aux relations entre associations et entreprises. Nous souhaitons aussi accompagner des expériences de projet et d’organisation inter-associatifs ancrées dans un territoire.

Votre élection comme Président s’est accompagnée d’un renouvellement d’ampleur de la gouvernance de la Fonda. Quel regard portez-vous sur ce changement ?

 Ce renouvellement est d’abord à mettre au crédit de l’équipe sortante et de son président, Pierre Vanlerenberghe. Il est inséparable de la démarche « Faire ensemble 2020 » puisque c’est parmi les animateurs de ce projet que nous avons recruté nos nouveaux administrateurs. Notre CA compte désormais autant de femmes que d’hommes, un quart d’entre eux ont entre 25 et 35 ans. Le brassage des générations est d’autant mieux assuré que la plupart des administrateurs sortants ont une nouvelle mission dans l’association et restent membres invités du CA. Je peux témoigner qu’un renouvellement comme celui-là ne s’improvise pas à trois mois de l’AG : c’est un vrai chantier qui demande plus d’un an de travail, c’est une dynamique que nous allons poursuivre pour recruter de nouveaux membres et ancrer la Fonda dans la diversité du monde associatif.

Consulter les trois notes d’éclairage de la Fonda:

 

Showing 6 comments

Leave a Comment