Accompagner leurs membres dans leur développement constitue une des raisons d’être historique des réseaux. Pour permettre à certaines associations étudiantes de déployer leur potentiel, le réseau Animafac a créé un incubateur dans ses locaux. Coline Vanneroy, déléguée générale du réseau, nous en explique le fonctionnement.
Pourquoi avoir choisi de développer un tiers-lieu au sein d’Animafac ?
L’univers associatif étudiant regorge de projets inno- vants. Il est aussi marqué par un fort turn-over en son sein : la mobilité sociale et géographique des étudiants est telle que des projets naissent, meurent, évoluent en profondeur, dans un processus de régénération continu. Certaines associations ont cependant des perspectives de développement particulières. Celles-ci tiennent à la nature du projet qui, par son impact, va très vite trouver son public, et à la volonté des fondateurs de s’y consacrer pleinement pour donner une chance à leur projet de se pérenniser. De nombreuses questions se posent alors sur la structura-tion du projet et, à terme, sur la stratégie de développement. L’objectif du tiers-lieu associatif que nous avons créé est donc de repérer ces projets à fort potentiel qui ont pour objectif de professionnaliser leur structure, et de faire essaimer leurs innovations sur de nouveaux territoires et de les accompagner durant cette période charnière.
Quel type d’associations trouve-t-on à l’Arsenal ? Quels sont leurs besoins d’appui ?
Les six associations que nous accueillons ont des thé-matiques d’actions très différentes, à l’image du réseau Animafac dans son ensemble : la Cravate solidaire réalise des collectes de tenues professionnelles auprès des entreprises et des particuliers pour les mettre à dis-position de personnes en recherche d’emploi qui n’ont pas les moyens de se les payer ; Génération cobayes sensibilise les 15-35 ans à la présence des perturbateurs endocriniens dans notre quotidien en parlant de sexua-lité ; In Focus mobilise une communauté de bénévoles professionnels de la communication pour aider les associations et ONG à parler et à faire parler de leurs projets ; Créaquartier travaille auprès de jeunes décro-cheurs du 19e arrondissement de Paris afin de les remettre dans une dynamique d’apprentissage par l’action, en s’appuyant sur les artisans du territoire et des cours en ligne (MOOC), donnant lieu à des certifications… Les problématiques auxquelles ces associations font face peuvent être assez différentes car elles ne sont pas toutes au même stade de développement ou n’ont pas la même histoire. Quelques thématiques reviennent cependant systématiquement, car les mêmes questions se posent lorsqu’un projet, qui a démarré petit, prend une toute autre ampleur : quel modèle d’organisation territoriale adopter ? Faut-il faire évoluer notre gouvernance ? Vers quel modèle économique faut-il tendre ? Comment construire un réseau partenarial et institutionnel durable ? Il y a également des demandes d’appui plus techniques qui vont de la relecture d’un dossier de demande de subvention au relais de trésorerie, en passant par la transmission de modèles de document (convention de partenariat, plan de trésorerie, contrat de travail, etc.).
Qu’apportez-vous aux associations présentes dans le tiers-lieu ?
Je dirais que l’Arsenal est une bonne illustration de ce que peut apporter une tête de réseau à ses membres. Animafac leur fait bénéficier des compétences et de l’expertise que le réseau a pu développer depuis 20 ans et qui lui ont permis de devenir un interlocuteur identifié et reconnu sur les questions de vie étudiante, de jeunesse et de vie associative. Concrètement, au-delà de bureaux et de salles de réunion, nous organisons régulièrement des ateliers de formation dans les domaines de la communication, de la gestion administrative et financière, et du pilotage stratégique, qui permettent aux associations de monter en compétences. Nous organisons également des espaces de discussion et d’échange de pratiques entre les associations accueillies : comment telle association organise sa gouvernance ? Pourquoi ? Avec quels apports et quelles limites ? Avoir la vision la plus large possible de ce qui peut se faire, c’est se donner les chances de trouver le modèle qui correspond le mieux à son association à un moment précis de son développement. En dehors des cadres collectifs, une chargée de mission assure un suivi personnalisé de chacun des projets. C’est fonda-mental pour évaluer au mieux les besoins des associations, qui évoluent rapidement, et leur apporter des solutions.
On voit se développer de nombreux tiers lieux. Quelle est la spécificité d’un tiers-lieu associatif comme l’Arsenal ?
L’Arsenal est un lieu de liberté et d’expérimentation qui tient plus de la coloc’ que de l’incubateur classique. Les liens entre les associations sont devenus très forts, ce que vient sans doute renforcer la proximité géné-rationnelle – nous accueillons des projets associatifs portés et gérés par des jeunes. La convivialité et l’ému-lation collective tirent l’ensemble de nos projets vers le haut. L’Arsenal n’est pas pour autant un lieu fermé. Nous accueillons régulièrement d’autres associations et acteurs de l’ESS, et nous y organisons des événe-ments ouverts à tous. Enfin, nous assumons volontiers de définir ce tiers-lieu comme un espace militant, en ce qu’il favorise et encourage l’émergence de jeunes diri-geants associatifs susceptibles de renouveler les cadres de la société civile.
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