Face à la décision du gouvernement de diminuer drastiquement le nombre de contrats aidés, les associations nous font part de l’impact sur leurs activités.
Des mots, en réponse à l’approche uniquement comptable faite par le gouvernement, pour illustrer l’utilité sociale des contrats aidés, pour les personnes éloignées de l’emploi et en quête d’insertion, mais aussi pour les associations et surtout les publics bénéficiant des activités qu’elles développent.
Vous aussi, vous êtes témoin (en tant que salarié, bénévole ou bénéficiaire d’une association) de l’impact de cette décision sur les associations, alors faites-nous part de votre témoignage : Je témoigne
L’exemple de Sandrine est significatif. 4 ans après la fermeture de l'entreprise qui l'employait en tant que bonnetière, elle a été embauchée à TLC à 51 ans en CUI CAE. Elle a suivi progressivement les formations nécessaires lui permettant une totale prise en main de son poste sur la 3ème année. Le développement de l’activité a permis de consolider la pérennité du poste. Aujourd'hui, elle est en CDI.
Au final, chacun en sort gagnant :
- L'association qui a pu mettre en place une stratégie de développement,
- La salariée qui a pu se reconvertir doucement sans heurt important, sortir de l’exclusion et se réinsérer socialement,
- L’Etat qui a investi sur l’avenir en permettant à une salariée sacrifiée sur l’hôtel de la rentabilité de se remettre sur les rails au lieu de lui verser le RSA pendant 9 ans.
Depuis presque quarante ans, les emplois aidés ont toujours existé sous différentes formes (TUC, CES…), et le milieu associatif a toujours joué un rôle moteur dans ces dispositifs d’insertion.
L’insertion est un processus long. Il convient tout d’abord de se réintégrer et de retrouver de l’estime et de la confiance dans l’univers professionnel puis de se former. Ainsi, à la MJC de l’Héritan, tous les bénéficiaires d’un emploi aidé sont formés dès leur arrivée dans la structure. De plus, ils sont considérés comme des salariés à part entière. Il s’agit d’un engagement de l’institution associative pour l’insertion sociale et professionnelle.
Cette décision politique met en péril un certain nombre d’associations et/ou de services.A titre d’exemple, l’amplitude horaire de l'accueil de la MJC (ouvert 11 heures par jour actuellement) ne pourra être conservée sans emplois aidés.
Je regrette profondément cette décision prise en plein été sans concertation et qui ne tient pas compte de l’importance du lien social pour le pays. Lire la suite
Jean-Marc, MJC de l'Héritan
Nous sommes une association à vocation sociale qui a récupéré la fonction employeur depuis à peine 7 ans. Notre situation financière reste fragile compte tenu de la situation économique et sociale actuelle. Si nous voulons développer notre activité et stabiliser nos équipes, nous devons avoir recours aux emplois aidés. Même si tous les emplois aidés ne sont pas pérennisés, nous jouons le jeu de la formation et garantissons à tous nos emplois aidés, formation théoriques (diplômante parfois, qualifiantes toujours) + formation de terrain.
Suite à cette annonce, nous perdons 2 CAE et devions en recruter 2 autres en remplacements d'anciens. Nous allons devoir recruter des CDD de quelques mois en attendant le positionnement de l'État pour 2018.Si la situation perdure, notre situation financière va devenir complexe et nous serons dans l'obligation d'augmenter nos tarifs pour la population ou augmenter nos demandes de participations aux collectivités, qui sont déjà en difficulté.
Laetissia, Centre Social Rural Froissy-Crèvecoeur
Les emplois aidés permettent aux associations de remplir leurs missions d'utlité sociale voire de service public dans un contexte où les financements publics ne font que baisser.
Leur réduction drastique risque d'entraîner la remise en question d'actions nouvelles, la baisse de la qualité des interventions et la suppression de certains dispositifs, voire si la spirale descendante s'instaure, le licenciement de personnel en contrat de droit commun.
Pour prendre un exemple très concret : dans le cadre du dispositif tiers de confiance URSAFF Impact Emploi, nous éditons des feuilles de paie pour les associations. Afin de maintenir un coût de prestation le plus accessible possible pour les associations employeuses, le fonctionnement n'a été possible que grâce à un contrat aidé en formation sur la paie. A ce jour, sans renouvellement de ce contrat aidé, nous envisageons d'augmenter le coût de cette prestation de 50 % pour atteindre l'équilibre sans reprise de charges de structure. La feuille de paie passera de 10 à 15 €. Nous éditons 1800 feuilles de paie pour une cinquantaine d'associations à l'année.
Pierre, d'une Ligue régionale de l'Enseignement
Nous avons recours aux contrats aidés pour deux raisons. Déjà, pour innover : depuis 20 ans tous nos projets ont émergé avec le soutien initial des emplois aidés. Mais aussi, pour offrir une première expérience professionnelle à des jeunes diplômés, mais exclus du fait de leur inexpérience ; l'aide au poste finance notre tutorat (souvent lourd).
8 postes ont prouvé leur utilité et trouvé leur financements et ont donc été pérennisés.
Le gel des contrats aidés fragilise l'équilibre financier de notre structure et surtout la trésorerie.
Christine, CPIE d'Ajaccio
Nous avons réussi en 2 ans à pérenniser tous les emplois des personnes qui le souhaitaient. La première période permet à la fois de vérifier la pertinence du besoin, de rechercher sa solvabilité économique et de renforcer les compétences de la personne recrutée. Aujourd’hui, sur une équipe d’une quarantaine de professionnels, nous avions prévu de remplacer 3 CAE qui arrivent à échéance et d’en prolonger 2. Face à la décision estivale et brutale de l’État, nous avons décidé de créer 3 CDD jusqu’à la fin de l’année pour maintenir le service aux familles et au territoire. Nous rognons encore un peu plus sur nos autres charges, au risque d’une perte comptable. Nous n’avons aucune solution pour les 2 autres postes indispensables à nos engagements auprès des familles et des collectivités. Lire la suite
Jean-Yves, Centre social, culturel et sportif Effervescentre
Nous avons recours au Emplois Aidés car nous n'avons malheureusement structurellement pas les moyens de passer par un emploi standard, sachant que même un SMIC à temps plein revient à 2200€ par mois, pour une petite structure associative c'est un montant trop élevé. Nous travaillons essentiellement avec un Pôle de bénévoles, un esprit important que nous souhaitons conserver, mais quand bien même nous avons besoin d'avoir au moins 1 à 3 salariés pour assurer la charge de travail de façon suivie et notamment aussi pour rechercher des fonds qui nous permettront de nous développer et de transformer les emplois aidés en emploi pérenne.
Avec le gel des contrats aidés, nous allons perdre notre seul emploi aidé qui s'achevait fin septembre et sans aucune possibilité de le renouveler. Et nous n'allons pas pourvoir recruter la seconde personne qui justement devait s'occuper du développement financier de la structure. Nous sommes particulièrement choqués que cette décision ai été prise sans aucun préavis permettant aux associations d'avoir le temps de se retourner.
Daisy, ONG L'envol vert
Le dispositif contrats aidés nous permet de mener des activités d'utilité sociale qui ne sont pas ou insuffisamment financés par d'autres dispositifs, d'insérer des personnes éloignées de l'emploi en les formant et en leur donnant une expérience professionnelle.
Cette décision gouvernementale va réduire nos activités non solvables, c'est à dire celles à destination des publics en précarité.
Jean, d'une CPIE