Qu’est-ce que la Société Française d’Évaluation, quelle est son approche de l’évaluation et quel est son rôle?
La SFE est une association créée en 1999 avec pour finalités de promouvoir la pratique de l’évaluation des politiques publiques et d’offrir des espaces d’échange entre praticiens (institutions publiques, commanditaires, bureaux d’études, chercheurs,…). Elle rassemble aujourd’hui plusieurs centaines d’adhérents de statuts diversifiés, personnes physiques ou morales, qui garantissent son indépendance. Les principales ressources de la SFE sont en effet constituées des cotisations de ses membres.
A travers une charte de l’évaluation, la SFE promeut quelques principes essentiels qui doivent guider la pratique évaluative (respect des personnes, compétence, pluralité, distanciation, responsabilité, opportunité, transparence,…) mais ne se pose pas en « gardien » d’une méthode plutôt qu’une autre. La SFE publie des travaux, offre des espaces d’échanges à travers une vingtaine de groupes thématiques et de clubs régionaux. Elle organise également des journées d’études comme celle du 22 mai prochain sur des thématiques émergentes dans le champ de la pratique évaluative.
En quoi l’évaluation peut-elle constituer une réponse aux exigences de contrôle exercées sur les associations?
Les tensions sur les budgets publics, la préoccupation de « performance publique », parmi d’autres facteurs, ont progressivement introduit dans les relations entre pouvoirs publics et associations une dimension de contrôle accrue, certes légitime du point de vue du contribuable, mais qui s’accompagne parfois d’une certaine défiance, ou d’une relation commanditaire / prestataire dans laquelle les associations se retrouvent difficilement.
Dans ce contexte, laisser aux seuls financeurs publics l’initiative de la pratique évaluative (laquelle masque parfois une volonté d’audit / sanction) n’est dans l’intérêt d’aucune des deux parties, ni même des usagers, car le risque est pour les pouvoirs publics de restreindre la démarche à une approche comptable, et pour les associations de ne pas pouvoir faire valoir des indicateurs d’appréciation plus qualitatifs. C’est d’ailleurs le sens des travaux en cours sur l’utilité sociale comme critère d’évaluation.
Il y a donc un intérêt à ce que l’évaluation soit un exercice partagé, permettant d’éclairer l’action menée sous des angles plus divers.
La journée du 22 mai réunira des associations et des financeurs publics. Quel est l’intérêt de réunir ces deux acteurs pour travailler sur les méthodes et les conditions de la pratique évaluative?
Si l’on considère qu’il faut promouvoir des formes d’évaluation véritablement partagées, alors l’échange doit pouvoir commencer en amont, notamment à propos des conditions à mettre en place, mais également afin de construire une culture commune de l’évaluation.
C’est l’enjeu de cette journée, et des travaux qui pourraient en découler.