Le Groupe des associations s'abstient au CESE sur la prévention du suicide

« Suicide : plaidoyer pour une prévention active ». Le 12 février 2013, le Conseil économique, social et environnemental examinait un avis présenté par Didier Bernus du Groupe Force Ouvrière au nom de la section des Affaires sociales et de la santé.

Plus de 10 500 décès par suicide en France, en 2010. En dépit d’une baisse de 25 % en 25 ans, le taux de suicide, 14,7 décès pour 100 000 habitants, reste l’un des plus élevé d’Europe. Les plans de prévention du suicide et l’investissement des acteurs de terrain ont permis de diminuer ce taux mais pour construire la politique des 20 prochaines années, il faut se montrer plus ambitieux. L’avis définit trois priorités : créer un observatoire national du suicide, chargé de centraliser, d’exploiter et d’enrichir les données disponibles afin de mieux identifier les facteurs de risque ; promouvoir les dispositifs d’alerte, de suivi de la crise suicidaire et enfin conforter, voire augmenter, les moyens des réseaux de santé impliqués dans leur prise en charge.

Estimant que les propositions ne prenaient pas assez en compte les éléments sociétaux de la prévention du suicide, le Groupe des associations s’est abstenu. Christel Prado s’es exprimé pour évoquer plus précisément les raisons de cette abstention.

Déclaration du Groupe des associations

En 1993 le Conseil économique et social a rendu un rapport sur le suicide, présenté par Michel Debout. Vingt ans plus tard, cet avis conforte un certain nombre de constats. Grâce à un début de politique publique de prévention des suicides, leur nombre a significativement baissé dans notre pays en 20 ans. Toutefois avec 11 000 morts par an et plus de 220 000 tentatives de suicide, un renforcement de cette politique de prévention et notamment de prévention de la récidive est impératif.

Le suicide est d’abord un fait social avant d’être un sujet médical. Un certain nombre d’éléments de l’avis étaient utilement ce postulat, tels que le rôle des discriminations subies par certains jeunes du fait de leur orientation sexuelle ou encore le lien entre suicide et risques psycho-sociaux dans le cadre professionnel. Pour le Groupe des associations, les préconisations – essentiellement d’ordre sanitaire – ne sont pas assez ambitieuses au regard du constat posé. Ceci s’explique en partie par le profil des personnes que la section a pu auditionner, des médecins pour la plupart. Le Groupe des associations n’a pas de désaccord de fond avec les propositions. La recherche d’une meilleure articulation entre le programme national d’actions contre le suicide et le plan psychiatrie et santé mentale fait partie des recommandations qui nous paraissent importantes. Néanmoins, le Groupe regrette que les propositions à caractère sociétale en matière de prévention du suicide soient renvoyées à la création d’un « observatoire national ».

Selon les associations actives sur le champ de la prévention du suicide – et elles sont nombreuses – chacune, chacun d’entre nous peut être confronté au suicide au cours de sa vie. Mais, certaines « catégories » de la population sont plus vulnérables. Ceci, l’avis le dit également. Le Groupe des associations aurait souhaité qu’au-delà du constat, notre assemblée fasse des propositions différenciées pour les groupes à risque : agriculteurs, toxicomanes, personnes détenues, etc.

Sans remettre en cause la validité des propositions, le Groupe des associations s’est abstenu sur ce projet d’avis, estimant que le CESE aurait dû aller plus loin sur un sujet aussi important.

 

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