Accompagner les réseaux dans la réorganisation territoriale : l'exemple du DLA régional de Normandie

La recomposition territoriale en cours et la mise en place de treize nouvelles grandes régions bouscule l’organisation des réseaux associatifs. Les chargés de mission régionaux du dispositif local d’accompagnement (DLA) font face à de nombreuses demandes des têtes de réseaux qui souhaitent être accompagnées dans leur réorganisation. En Normandie, une réponse originale a été construite conjointement par les deux DLA régionaux, en partenariat avec le Mouvement associatif. Retour sur la démarche avec Genièvre François, chargée de mission DLAR à la CRESS Basse-Normandie, et Cécile Dauvel, chargée de mission DLAR à Haute-Normandie Active.

 

Comment avez-vous eu l’idée de proposer cet accompagnement aux réseaux normands ?

Nous avions beaucoup de demandes d’accompagnement, mais ne disposions pas des fonds nécessaires pour accompagner tout le monde. Nous ne souhaitions pas avoir à établir des critères pour prioriser les demandes. Nous nous sommes rapprochés du Mouvement associatif, également pilote du DLA en Normandie, et de quelques réseaux pour réfléchir à une réponse : deux journées d’accompagnement collectif ont été proposées aux réseaux. Entre début 2015 et la mise en œuvre en novembre, nous avons consacré beaucoup de temps au montage de ces deux jour-nées. Ce travail, avant tout partenarial, s’est fait avec le Mouvement associatif, ses adhérents, les pilotes du dispositif et les réseaux de l’insertion par l’activité économique.

 

Quels seront, de votre point de vue, les changements entraînés par cette réforme et comment le DLA peut-il accompagner ces changements ?

C’est un changement de fond et il est difficile au- jourd’hui pour nous qui sommes sur le terrain d’en mesurer vraiment tous les impacts. C’est la raison pour laquelle, nous avons construit ces deux jours en consacrant une demi-journée à la mise en contexte avec des apports du Mouvement associatif national et d’un expert des politiques publiques territoriales, suivie de trois demi-journées d’accompagnement au sens classique du DLA. Nous avons assez vite perçu que cette réforme aurait des répercussions très importantes, à plusieurs niveaux et sur différents échelons : impacts sur les financements, sur la gouvernance des réseaux et de leurs membres, mais aussi sur leur relation avec leurs partenaires et leurs usagers… Nous sentions qu’il y aurait des remontées des associations locales, impactées par les fusions des intercommunalités et les transferts de compétences, et nous pensions utile d’aider les réseaux à anticiper leurs propres problématiques et les demandes de leurs adhérents. Nous voulions apporter des éléments d’éclairage et un regard structuré sur la réforme pour aider à prendre du recul, mais aussi des solutions opérationnelles pour enclencher les changements. De ce fait, les deux journées se sont construites comme un accompagnement collectif DLA : les homo-logues des deux régions ont été invités à y participer ensemble. Pour les réseaux, cela a été une bonne opportunité pour faire connaissance et pour travailler à leur processus de rapprochement. Pour nous, DLAR de deux régions, cela nous a permis de commencer à travailler ensemble !

Mais ça ne s’est pas fait tout seul : nous avons eu à convaincre nos pilotes de la légitimité du DLA régional à se positionner sur un sujet comme celui-ci. Le rôle du DLAR n’est pas d’accompagner au coup par coup mais d’apporter des réponses structurantes pour le territoire, d’aider à construire des stratégies collectives, le plus sou- vent sur une entrée sectorielle. Les têtes de réseau sont nos interlocuteurs pour construire des approches sec-torielles pertinentes, nous avons besoin qu’elles soient organisées et fortes.

 

Quel bilan tirez-vous de cette première journée d’accompagnement ?

La matinée a été centrée autour d’interventions d’experts : nous avons mobilisé la chaire « Territoires et mutations de l’action publique » de l’université de sciences politiques de Rennes pour une lecture globale de la réforme, le Mouvement associatif pour son analyse sur les impacts en matière de vie associative, France Active pour ses travaux sur les coopérations et les fusions. L’animatrice des échanges avait pour consigne de sus-citer le débat et la participation. Nous voulions que les associations ne se sentent plus « écrasées » par cette ré-forme, mais se demandent comment agir ensemble, sur leur territoire et dans leur structure ; qu’elles retrouvent du souffle. De ce point de vue, la table ronde a été une réussite, les débats ont été riches et les retours des associations très positifs.

Sur le deuxième temps, plus technique, animé par un prestataire habitué des interventions DLA, nous sommes plus partagés. Nous avions un groupe de taille importante (près d’une trentaine de structures) très hétérogène (taille des structures, profil des participants, secteurs, état d’avancement dans le processus de rapprochement avec l’homologue, etc.) ce qui n’a pas facilité l’animation ni l’appropriation des outils, même s’il est trop tôt pour faire un bilan. De plus, les associations semblaient parfois en attente de solutions clé en main qu’il n’est pas possible d’apporter d’où peut-être une relative déception de la part de certains participants. Aujourd’hui nous réfléchissons, si les crédits le permettent, à compléter en 2016 ces deux jours par des journées thématiques, toujours en partenariat avec le Mouvement associatif et ses membres, les réseaux de l’insertion par l’activité économique, nos pilotes et en collaboration avec les DLA départementaux.

 

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